Sculpter
En 2019, Gilberte Tsaï a invité l’artiste italien Giuseppe Penone à donner une conférence à l’adresse des enfants sur sa pratique artistique de la sculpture. Elle explique sa première rencontre avec son travail au détour d’un sentier : « Il y a une vingtaine d’années, je me promenais dans le parc du Domaine de Kerguehennec, en Bretagne, et au détour d’un chemin, j’ai vu une sculpture qui m’a beaucoup émue. Un être humain en bronze était en mouvement vers l’avant, on pouvait voir au sol les traces de ses pas, et son corps était traversé par un petit arbre frêle. Cette œuvre, apparaissant comme un symbole de la relation entre les humains et la nature, m’a énormément marquée ; comme cela arrive parfois, on tombe en arrêt devant une œuvre, on se sent très ému, et elle va vous accompagner toute votre vie. C’est la première œuvre que j’ai vue de Giuseppe Penone, elle s’intitulait Un sentier de charme. »
Dans un texte court et précis, Giuseppe Penone explique sa démarche artistique et plus spécifiquement les liens qu’il entretient avec les éléments qui l’entourent tels que l’air, les pommes de terre, les arbres, les courges, les feuilles : « Un travail de sculpture ce n’est pas un travail de parole, c’est un travail de matière, […]. Mon travail, au fond est un travail d’émerveillement, par rapport à la réalité, par rapport à la matière. »
En se concentrant sur la matérialité de la sculpture dans son travail, il nous permet de suivre ses mains et d’entrer – littéralement – dans le bronze, le bois et le souffle du vent. À la fois poétiques et pratiques, ces pages nous emmènent sur les sentiers de l’un des plus saisissants créateurs de son époque.
Giuseppe Penone (1947) est un sculpteur et artiste conceptuel italien né à Turin. Il étudie à l’académie des Beaux-Arts de sa ville natale et y crée ses premières œuvres dans une forêt à l’extérieur de la ville. Associé dès la fin des années 1960 à l’arte povera et connu pour explorer la relation entre les formes naturelles et artificielles, il réalise des œuvres composées d’empreintes de mains faites à partir de clous et de morceaux de plomb attachés à des troncs d’arbres et reliés ensemble avec des câbles de cuivre de zinc.
Terminus Babel
Le narrateur de Terminus Babel est… un livre. Abîmé par une lectrice maladroite, K’tab (« livre » en arabe) se retrouve mis au rebut, dans l’antichambre du pilon, avec ses compagnons d’infortune : le distingué CRAIPU (Critique de la Raison Pure, Emmanuel Kant), l’austère TRAIDEZ (Traité du désespoir, Sören Kierkegaard), mais aussi CHEQMENUP (Chemins qui ne mènent nulle part, Heidegger), TOTAB (Totem et Tabou, Freud), APROULECHE (À prendre ou à lécher, San-Antonio)… Un projet artistique développant une bibliothèque de Babel va tous les éloigner pour un temps des atroces perspectives du pilon et nous permettre d’entendre l’histoire de K’tab. L’ouvrage va débattre avec ses frères voués comme lui au pilon, se remémorer ses lecteurs ainsi que « L’Écrivain », dont il connaît intimement les rêves les plus secrets.
Cette trame un peu fantasque est le point de départ d’une plongée dans les affres de la création littéraire, dans les pensées profondes et parfois inavouées de « L’Écrivain », petits tracas du quotidien qui l’empêchent d’écrire, perles du quotidien qui l’inspirent, bonheurs, malheurs, espoirs, souvenirs, K’tab connaît tout de son auteur qui nous dévoile son Algérie, source d’inspiration et de respiration. Après Alger, journal intense, paru en 2019, on retrouve dans Terminus Babel l’intensité de l’écriture de Mustapha Benfodil, faite à la fois de générosité et de fulgurances.
Mustapha Benfodil, reporter au quotidien algérien El Watan, est l’auteur d’une œuvre protéiforme (romans, nouvelles, poèmes, théâtre). Il a notamment publié Zarta ! (2000), Les Bavardages du Seul (2004), Archéologie du chaos (amoureux) (2007) et Alger, journal intense, paru en 2019 aux Éditions Macula.
Wonderama
Wonderama est un livre d’artiste résolument singulier dans lequel la série des Noirs Desseins de Hugues Reip est accompagnée d’un texte-glossaire de Vinciane Despret et d’une chanson originale interprétée par Rodolphe Burger.
Réalisés entre 2009 et 2022 à l’encre de Chine et à l’aquarelle et très régulièrement augmentés de collages, les dessins de Hugues Reip fonctionnent comme des « distributeurs automatiques de visions » et ébauchent un récit entre nature et univers virtuel, espace et temporalité, comme une tentative d’élargissement des frontières de la perception.
Wonderama est un monde onirique portatif où tout est possible, comme l’éprouvent Vinciane Despret avec son glossaire rédigé pour naviguer parmi la cinquantaine de dessins ou la chanson Tranquil Light interprétée par Rodolphe Burger, qui figure dans le livre sous forme de QR code.
D’une liberté folle, ce livre nous engage aux voyages, ceux qui prolongent la nuit et font résonner les mondes.
Les auteurs
Né en 1964, Hugues Reip vit et travaille à Paris. Artiste polyvalent, graphiste, vidéaste, photographe et sculpteur, il tente de faire ressortir d’un objet, d’un lieu ou d’une situation des aspects insolites et surprenants.
www.huguesreip.com
Fondateur du groupe Kat Onoma, le compositeur et chanteur Rodolphe Burger développe depuis plus de 30 ans une carrière des plus originale à travers son label Dernière Bande. Il est également le fondateur du festival « C’est Dans La Vallée » à Sainte-Marie-Aux-Mines en Alsace.
www.rodolpheburger.com
Vinciane Despret est philosophe des sciences et professeure à l’Université de Liège. Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages de référence sur la question animale.
Ouvrage publié avec les généreux soutiens de la Fondation Antoine de Galbert, la Fondation d’entreprise Pernod Ricard, le Centre national des arts plastiques (aide à l’édition) et la Fondation Leenaards.
______________________________________
L’édition limitée de la présente édition de Wonderama, enrichie d’un flexi disque sous pochette, expressément réservée à Macula, comprend 150 exemplaires justifiés et signés par Hugues Reip et Rodolphe Burger + 60 E.A. justifiés et signés par Hugues Reip et Rodolphe Burger + 30 H.C. justifiés et signés par Hugues Reip et Rodolphe Burger.
Face A du flexi disque : Tranquil Light (Paroles de Hugues Reip d’après Joseph Cornell, 6’13)
Prix : 100 €
Pré-commandes : macula@editionsmacula.com
______________________________________
Je plumerai les canards en rentrant
Je plumerai les canards en rentrant paraît à l’occasion d’une invitation lancée par le Musée des Beaux-Arts de Lyon, qui a proposé à Éric Poitevin « d’entrer en conversation » avec ses collections (exposition fin avril – fin août 2022). Cet ouvrage n’est toutefois pas pensé comme un catalogue d’exposition, mais nous ouvre au parcours et à l’univers passionnant du photographe.
Comment naît une image ? Que se passe-t-il avant qu’une photographie sorte de l’atelier de l’artiste ? Souvent fantasmé, l’atelier est un lieu entouré d’une aura de mystère. Tel un alchimiste, l’artiste doserait différentes potions pour faire advenir une image.
Avec Je plumerai les canards en rentrant, allusion à son amour pour la cuisine, Éric Poitevin introduit le lecteur avec générosité dans l’univers de son atelier en proposant une sorte de journal, résultat de deux ans d’un travail intérieur qui documente, par le texte et par l’image, le processus de création. Il y dévoile les influences qu’ont pu avoir sur son travail ses lectures ou les images des autres.
Le livre s’ouvre par un entretien entre Éric Poitevin et Jean-Christophe Bailly, qui permet de saisir son cheminement vers l’art, son parcours de photographe autant que ses intentions artistiques. L’artiste a ensuite sélectionné des extraits de sa correspondance, qui mettent en lumière ses rapports avec les galeries et les musées, ses relations avec ses contemporains (intellectuels et critiques), les affinités avec le territoire qui l’entoure, son rôle de professeur. L’ouvrage contient aussi une large sélection de photographies de sa collection personnelle, qui laissent entrevoir à la fois son intérêt historique pour le médium et une attention généreuse envers ses contemporains. Enfin, sont reproduites huit nouvelles séries de photographies inédites de l’artiste.
Cet ouvrage s’adresse à tous les lecteurs curieux et particulièrement aux amateurs d’ouvrages qui ont trait à la photographie, à la démarche artistique, à l’importance du lien avec la nature et des animaux.
À cause des conditions extrêmes
À cause des conditions extrêmes réunit des récits courts et percutants dans lesquels Dune Delhomme, diplômée de l’École des Beaux-Arts de Paris, revisite par l’imaginaire ses contemporains et la vie au jour le jour.
Dune Delhomme observe le monde d’un œil acéré et met le doigt sur les petits travers de l’être humain, sur des pensées profondes qui en général restent bien enfouies, sur de gentilles névroses qui parlent en fait à tous les lecteurs. On la voit qui orchestre un univers mental fantasmé, qui se cogne à la réalité, mais qui ne s’en laisse pas compter.
Ces courtes histoires, saynètes drôles, méchantes, incisives, décalées, pleines d’humour et de tendresse, sont comme autant de petits scénarios ancrés dans le quotidien. Très visuelles, elles font apparaître à l’esprit des images si puissantes qu’on jurerait les avoir vraiment vues.
À cause des conditions extrêmes est le premier ouvrage publié de Dune Delhomme.
Dune Delhomme est diplômée de l’École des Beaux-Arts de Paris. Elle réalise son premier moyen-métrage, Le Cœur net, en 2018 puis, en 2019, enregistre une pièce sonore, Grande fille, dans laquelle elle incarne différentes voix de femmes, ce qui lui donne envie de se mettre elle-même en scène. Aujourd’hui, sa pratique s’articule autour de l’écriture, de l’audio, et de la mise en scène. Certains des textes qui constituent À cause des conditions extrêmes ont donné lieu à un spectacle du même nom.
Ubique fabrica
Plus proche du livre d’artiste que du catalogue d’exposition ou de la monographie, cet ouvrage a été conçu avec l’artiste autour du thème de l’atelier, d’où son titre, Ubique fabrica, « l’atelier est partout ». Fabrice Gygi a occupé près d’une trentaine d’ateliers dans lesquels il a créé la majeure partie de son travail. Aujourd’hui, il en sort pour créer de plus petites œuvres, comme des aquarelles de petits formats, facilement transportables. Les photographies reproduites dans le livre documentent ainsi les déambulations de l’artiste qui ouvre au fil des ans ses terrains d’expérimentations, tels que, pour les paysages, les bivouacs et les feux : la vallée de l’Arve, le Jura, les Alpes, Sulawesi, le sud Sinaï, le Texas, Paris, l’Arizona, la Nouvelle-Calédonie et l’Abitibi-Témiscamingue ; pour les ateliers : le Texas, Genève, le Valais, le Sinaï, Sulawesi et Paris.
Fabrice Gygi est l’un des artistes suisses les plus importants de sa génération. Issu de la mouvance ultra-radicale des squats genevois, sa vie et son travail sont imprégnés d’un rejet général de l’ordre social. Performances, gravures, photographies, installations, aquarelles, bas-reliefs, bijoux et sculptures, toutes ses œuvres utilisent un vocabulaire formel minimaliste pour explorer le corps dans son fonctionnement comme dans les contraintes que la société lui impose. Ardent défenseur de la liberté de mouvement, il s’invente des modes de vies proches du nomadisme.
Ce livre est publié à l’occasion de l’exposition de Fabrice Gygi (16 sept. – 16 oct. 2021) à la Société des arts de Genève dont il est lauréat du prestigieux Prix en 2021.
Fabrice Gygi vit et travaille en Suisse, entre Genève et le Valais. Ses expositions institutionnelles majeures comprennent Les Églises, Centre d’art contemporain, Chelles ; Centre Culturel Suisse, Paris ; Instituto Svizzero di Roma ; Magasin 3, Stockholm Konsthall ; Orange County Museum of Art, Newport Beach ; Kunstmuseum St. Gallen ; MAMCO Genève ; Museum of Contemporary Art, Tucson. En 2015, il représente la Suisse avec le pavillon Suisse à Milan – Expo 2015 ; en 2009, à la 53e Biennale artistique internationale de Venise et en 2002, lors de la 25e Biennale internationale de São Paolo. Il est représenté par les galeries Chantal Crousel (Paris), Francesca Pia (Zurich) et Wilde (Genève).
La Reprise et l’Éveil
Comment agir face au déferlement continu des images ? Comment sauver, dans une image, ce qu’elle-même a retenu ?
Cet essai de Jean-Christophe Bailly, se fondant tout entier sur le travail de l’artiste Jean-Marc Cerino, affronte les questions relatives à l’époque de l’hyper-reproductibilité et nous projette dans cette façon exemplaire qu’a l’artiste stéphanois de reprendre les photographies pour les éveiller, par la peinture, à leur sens disparu. Puisant dans l’immense réservoir des images naufragées, Jean-Marc Cerino, par cette reprise, réinsuffle et intensifie la force qui les habite. La puissance mélancolique à l’œuvre dans ce travail agit aussi comme une relecture critique – sur pièces – de ce que l’Histoire nous a laissé en dépôt et, à travers Jean-Marc Cerino, c’est alors la chance d’une peinture d’histoire entièrement nouvelle.
Décamérez !
Tout part du désir de voir la vie triompher. Dans son Décaméron, Boccace avait emmené à la campagne une petite compagnie de dix personnes souhaitant tenir à distance la peste noire qui décimait Florence. Chacun, chaque jour, s’était engagé à faire oublier les ravages de l’épidémie par la grâce de la parole et de la musique, à divertir l’auditoire par une nouvelle.
Nathalie Koble reprend le flambeau des conteurs de Boccace en nous livrant une re-création de plus de cinquante nouvelles du Décaméron. Il s’est agi pour elle de retrouver la spontanéité de la « conversation conteuse » pour nous la restituer dans une langue inventive et joyeuse. On l’aura compris, ce Décamérez ! est fortement lié à la pandémie qui a marqué 2020 et au confinement vécu par certains comme un véritable enfermement. À son tour, Nathalie Koble a donc réuni une belle compagnie de lecteurs et de lectrices à qui elle offre ces nouvelles quotidiennes – une par jour de confinement – comme autant de fenêtres ouvertes sur le monde et les hommes.
Des fables polissonnes, gaies, tragiques, exaltantes, affligeantes, où il est question de gelinottes et de chapons, de seigneurs et de palefrois, de baldaquins et de tapis volant, de pierres précieuses et de pirates. Et des amours, heureuses, malheureuses, jouissives, cruelles, partagées, intéressées. La vie en somme, la fenêtre grande ouverte.
Les 55 nouvelles qui composent cet ouvrage sont accompagnées d’une iconographie mêlant savamment miniatures du Moyen Âge et oeuvres contemporaines ainsi que de suggestions musicales de l’auteur.
Nathalie Koble est maîtresse de conférences à l’École normale supérieure (Paris) et à l’École polytechnique (Palaiseau), où elle enseigne la langue française et la littérature du Moyen Âge. Ses travaux portent sur la mémoire inventive de la littérature médiévale (poésie et fictions), et sur la traduction et la pratique de la poésie. Parmi ses dernières parutions : Drôles de Valentines. La tradition poétique de la Saint-Valentin, Genève, Héros-Limite, 2016 ; avec Mireille Séguy, Lais bretons. Marie de France et ses contemporains, Paris, Champion, 2018 et Jacques Roubaud médiéviste (dir.), Paris, Champion, 2018 ; Donner suite. Les Suites du Merlin en prose : des romans de lecteurs, Paris, Champion, 2020.
Tiphaine Samoyault est professeure de littérature générale et comparée à la Sorbonne Nouvelle. Écrivain et critique littéraire, elle a publié une dizaine de récits et d’essais et une biographie consacrée à Roland Barthes (Seuil, 2015). En 2020 elle a publié Violence et Traduction (Seuil). Elle est directrice éditoriale de la revue en ligne En attendant Nadeau.
Un cheval, des silex
L’ouvrage rassemble des textes écrits par Benoît Maire entre 2002 et 2020. Poèmes, notes et conférences exposent les rapports étroits que l’artiste entretient avec l’histoire de la philosophie et l’histoire de l’art. Jeux de langage et torsions de concepts nous entraînent dans son univers inventif.
Benoît Maire est né à Pessac en 1978. Il est diplômé de la Villa Arson à Nice et de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne.
Sally Bonn, directrice de la collection Les indiscipliné-e-s, est maître de conférences en esthétique à l’Université Picardie Jules Verne.
Servez citron. Un ensemble de photographies par Éric Poitevin d’assiettes desservies chez Troisgros, accompagné des recettes afférentes, piqué de Restes de table, un essai par Jean-Claude Lebensztejn, aux Éditions Macula.
Entre 2018 et 2019, le photographe Éric Poitevin séjourne à plusieurs reprises à Ouches, près de Roanne, chez Troisgros. Avec Michel, l’idée leur vient alors à l’esprit de faire un livre, mais les traditionnelles images des livres de cuisine ne soulèvent pas l’enthousiasme des deux amis. Éric Poitevin propose de « retourner le gant »… il va plutôt saisir les assiettes au sortir de table, dégustées, saucées, vidées – parfois reste un os, parfois une coquille.
Dans cette série de photographies qui forme un inventaire insolite, la magie des rencontres opère. Avec la complicité du service de salle, Éric Poitevin récupère les assiettes et sans y toucher capte le geste de la mangeuse ou du mangeur.
L’éphémère de leur composition reflète les 41 recettes inédites imaginées par Michel et César Troisgros, qui varient en fonction des saisons et de l’humeur du jour.
Jean-Claude Lebensztejn y ajoute son grain de sel avec un texte sur les manières de table.