L’art c’est la vie
Ce livre articule histoire de l’art, histoire culturelle et théorie féministe autour de la première monographie en français sur l’artiste et écrivaine Else von Freytag-Loringhoven (1874-1927).
Else von Freytag-Loringhoven, surnommée «la Baronne» par l’avant-garde new-yorkaise, longtemps oubliée, a étéredécouverte depuis quelques décennies. Plus récemment, on a même voulu lui attribuer Fontaine, le célèbre urinoir de 1917 signé R. Mutt – il a depuis été établi que ce n’est pas le cas. Sans chercher à remplacer un auteur, Marcel Duchamp, par une autrice, EvFL (sa signature), Éric Fassin et JoanaMasó interrogent, à partir du féminisme, la figure même de l’auteur.
Les contemporains admiraient cette baronne allemande sans le sou pour sa manière d’incarner Dada, dans son travail de modèle comme dans ses performances vêtue des costumes qu’elle confectionnait avec des objets trouvés. Elle fut la première à proposer une célébration critique de la vie dans l’Ulysse de Joyce, que The Little Review publiait à côté de ses poèmes avant qu’un procès n’y mette fin. Elle y développa aussi une critique amoureuse, mais virulente, du poète William Carlos Williams ainsi que de Marcel Duchamp à l’époque du Grand verre, qui était alors son work in progress. Contre l’avant-garde réunie autour du salon Arensberg, qu’elle accusait de faire abstraction de la vie, EvFL revendiquait l’idée que l’art, c’est la vie – d’une manière très littérale.
C’est ainsi qu’en guise d’introduction au recueil de ses poèmes, elle a rédigé le récit autobiographique de sa quête de l’orgasme – ce qui achevait, face à la censure, de les rendre impubliables.
Joana Masó est maîtresse de conférences en littérature française à l’Université de Barcelone et chercheuse rattachée à la Chaire UNESCO Femmes, développement et cultures. Commissaire d’exposition et traductrice de plusieurs ouvrages français sur l’art et le cinéma en espagnol, elle a notamment publié en français, Tosquelles. Soigner les institutions (L’Arachnéen, 2021).
Éric Fassin, après avoir enseigné de 1987 à 1994 aux États-Unis (Brandeis University et New York University), et de 1994 à 2012 à l’École normale supérieure, est depuis 2012 professeur de sociologie et d’études de genre à l’Université Paris 8. Il est rattachéau département de science politique. Membre senior de l’Institut Universitaire de France, il est aujourd’hui affilié au Sophiapol (Paris Nanterre / Paris 8).En 2024, il a publié State Anti-Intellectualism and the Politics of Gender & Race. Illiberal France and Beyond (CEU Press) et Misère de l’anti-intellectualisme. Du procès en wokisme au chantage à l’antisémitisme (Textuel).
Leçons de possession
Muriel Pic propose un texte inédit sur les expérimentations de drogues par Henri Michaux (1899-1984) à l’époque où l’on inventait les médicaments psychotropes.
Henri Michaux, écrivain et peintre parmi les plus connus de sa génération, participe à partir de 1955 aux recherches sur les hallucinogènes conduites à l’échelle mondiale. Le noyau dur de ce programme est à Paris et à Bâle : en collaboration avec leMuséum d’histoire naturelle de Paris, les laboratoires pharmaceutiques suisses Sandoz produisent les molécules utilisées à des fins cliniques et thérapeutiques pour les expérimentations à l’hôpital psychiatrique Sainte-Anne.
La révolution psychopharmacologique aboutit à l’invention de la médication psychotrope et au contrôle chimique du comportement. Cet événement majeur dans l’histoire des sciences est raconté ici du point de vue d’un artiste qui en fut à la fois le témoin et l’acteur.
Muriel Pic se fonde sur les archives inédites des expérimentations sous drogue de Michaux : des notes d’auto-observation d’un incomparable éclat poétique. À partir de ce matériau fascinant, l’ouvrage replace pour la première fois l’œuvre mescalinienne de Michaux dans son contexte en rappelant que ses textes et dessins nés de la folie volontaire ont d’abord été considérés par les médecins comme des documents scientifiques sur l’hallucination.
Cet ouvrage est richement illustré des dessins de Michaux créés sous influence et de nombreux documents sur la drogue issus de ses archives.
Muriel Pic est docteure de l’EHESS, écrivaine et chercheuse, également réalisatrice, collagiste, traductrice de l’allemand. Elle a publié plusieurs essais sur Henri Michaux, W. G. Sebald, Walter Benjamin et Rosa Luxemburg. Citons parmi ses publications Affranchissements (Seuil, 2020) et Élégies documentaires (Macula, 2016).
La Révolution suspendue
En librairie le 23 mai 2025
Entre 1918 et 1933, alors que la nouvelle démocratie allemande fait face à la montée du nazisme, la gauche radicale s’organise et développe le concept d’agitprop, un langage et des méthodes qui influenceront durablement le discours sur la photographie. Dans La Révolution suspendue, Christian Joschke nous introduit au sein de la fabrique de l’imaginaire révolutionnaire en s’arrêtant sur différents instruments au service de l’agitprop : le Secours ouvrier international (SOI), l’Arbeiter Illustrierte Zeitung (« Journal illustré des travailleurs ») et les associations de photographes ouvriers.
Créé en 1921 par le militant communiste allemand Willi Münzenberg, à l’origine dans le but de porter assistance aux victimes de la famine en Russie, le Secours ouvrier international est un instrument de premier plan pour faire progresser la cause communiste à l’Étranger. En manque de photos pour en documenter l’action, Münzenberg va créer plusieurs structures : agences photo, maisons d’édition, presse illustrée, dont l’Arbeiter Illustrierte Zeitung, l’un des journaux les plus lus de l’époque, connu notamment pour les photomontages satiriques créés par John Heartfield entre 1929 et 1938. Toujours à la recherche d’images incarnant la cause du peuple, Münzenberg recourra aux services des photographes ouvriers. En effet qui mieux que les dominés pouvaient rendre compte des luttes dans lesquelles ils se trouvaient engagés ?
En retraçant l’histoire des images et de la presse illustrée dans l’Allemagne troublée de la république de Weimar, Christian Joschke fait brillamment revivre tout un pan du militantisme de gauche et de la presse communiste.
Christian Joschke est professeur d’histoire de l’art aux Beaux-Arts de Paris après avoir enseigné à l’Université Lyon 2 et l’Université Paris Nanterre ; il s’intéresse aux rapports entre arts et politique et à l’histoire de la photographie. Il a publié Les Yeux de la nation. Photographie amateur et société dans l’Allemagne de Guillaume II (Presses du réel, 2013) et coorganisé l’exposition Photographie, arme de classe. Photographie sociale et documentaire en France 1928-1936 au Centre Pompidou. Il dirige, avec Olivier Lugon, la revue Transbordeur – photographie histoire société aux Éditions Macula.
Sculpter
En 2019, Gilberte Tsaï a invité l’artiste italien Giuseppe Penone à donner une conférence à l’adresse des enfants sur sa pratique artistique de la sculpture. Elle explique sa première rencontre avec son travail au détour d’un sentier : « Il y a une vingtaine d’années, je me promenais dans le parc du Domaine de Kerguehennec, en Bretagne, et au détour d’un chemin, j’ai vu une sculpture qui m’a beaucoup émue. Un être humain en bronze était en mouvement vers l’avant, on pouvait voir au sol les traces de ses pas, et son corps était traversé par un petit arbre frêle. Cette œuvre, apparaissant comme un symbole de la relation entre les humains et la nature, m’a énormément marquée ; comme cela arrive parfois, on tombe en arrêt devant une œuvre, on se sent très ému, et elle va vous accompagner toute votre vie. C’est la première œuvre que j’ai vue de Giuseppe Penone, elle s’intitulait Un sentier de charme. »
Dans un texte court et précis, Giuseppe Penone explique sa démarche artistique et plus spécifiquement les liens qu’il entretient avec les éléments qui l’entourent tels que l’air, les pommes de terre, les arbres, les courges, les feuilles : « Un travail de sculpture ce n’est pas un travail de parole, c’est un travail de matière, […]. Mon travail, au fond est un travail d’émerveillement, par rapport à la réalité, par rapport à la matière. »
En se concentrant sur la matérialité de la sculpture dans son travail, il nous permet de suivre ses mains et d’entrer – littéralement – dans le bronze, le bois et le souffle du vent. À la fois poétiques et pratiques, ces pages nous emmènent sur les sentiers de l’un des plus saisissants créateurs de son époque.
Giuseppe Penone (1947) est un sculpteur et artiste conceptuel italien né à Turin. Il étudie à l’académie des Beaux-Arts de sa ville natale et y crée ses premières œuvres dans une forêt à l’extérieur de la ville. Associé dès la fin des années 1960 à l’arte povera et connu pour explorer la relation entre les formes naturelles et artificielles, il réalise des œuvres composées d’empreintes de mains faites à partir de clous et de morceaux de plomb attachés à des troncs d’arbres et reliés ensemble avec des câbles de cuivre de zinc.
Les Couleurs du passé
Le passé nous échappe, nul qui puisse le rattraper ni le saisir pleinement. Avec l’éloignement et la mort, le passé est l’une des manifestations ordinaires de cette absence avec laquelle l’image a toujours partie liée. De cette défaillance de la représentation, le mythe de l’origine de la peinture, tel que rapporté par Pline, nous a livré le lumineux modèle : son fiancé s’apprêtant à partir pour la guerre, une jeune fille trace à la craie le contour de l’ombre projetée sur le mur par le visage aimé. Le caractère mimétique de l’image se double aussitôt d’une vertu consolante, en instituant un régime qui s’est déployé sans interruption jusqu’à nous, au point que l’on peut se demander si la jeune fille de Corinthe, en plus de la peinture, n’a pas inventé aussi la photographie et le cinéma avec sa lanterne magique.
Peinture, photographie, cinéma, à quoi viennent se joindre les dernières métamorphoses de l’image sous l’aiguillon des technologies numériques, tels sont les objets que Peter Geimer met ici à la question, en examinant les réussites, les dérives ou les échecs de ceux qui, représentant le passé, ont tenté d’en retenir et d’en ramener quelque chose dans le présent, en donnant ainsi forme à l’histoire. Qu’est-ce qu’un document visuel ? Qu’est-ce qu’une image d’archive et quels sont les usages qu’elle autorise ?
Attention sourcilleuse au détail authentique chez le peintre d’histoire Meissonier, immersion du spectateur dans les grands panoramas de bataille que le XIXe siècle a rêvés comme un spectacle total, photographies et films en noir et blanc qu’on colorise, qu’on anime ou qu’on sonorise dans l’illusion de les rendre enfin « plus vivants ». : de l’analyse de ces diverses pratiques, on conclura que loin de n’être qu’une simple illustration d’un événement historique, toute image est d’abord elle-même profondément enfoncée ou engoncée dans l’histoire. D’où la véridicité et la force de témoignage qui sont incorruptiblement les siennes, quelles que soient les couleurs dont certains, après coup, ont parfois voulu la parer.
Peter Geimer (1965) est directeur du Centre allemand d’histoire de l’art à Paris. Ses recherches portent sur la théorie et l’histoire de la photographie, la représentation visuelle de l’histoire et l’histoire des sciences. Auteur de nombreux ouvrages en allemand, dont a paru en français Images par accident. Une histoire des surgissements photographiques (Les presses du réel, 2018).
Rafistolages
Auteur atypique, grand érudit, Jean-Claude Lebensztejn propose avec Rafistolages un livre romantique sous forme de rêveries.
Ce recueil de textes forme un kaléidoscope impressionnant où sont conviés des figures aussi diverses que Burroughs et ses chats, Marivaux, Kafka, John Donne, Henry James, Giorgione, Charles Bukowski, Paul Klee, Proust et ses rats, Socrate et Platon ; des sujets aussi variés que la peur, la peinture, la traduction, la mort, la poésie, la sexualité. Avec ces morceaux choisis, l’auteur part à la recherche du trésor, d’échos en rebonds, il circule dans les siècles et les domaines pour petit à petit nous laisser voir la forme du tapis. Parfois jeu de miroir, parfois jeu de piste, les fils se tissent lentement pour nous faire voir des correspondances inattendues ou des rencontres ratées.
Le texte d’ouverture fait état d’une énigme littéraire avec « L’image dans le tapis » de Henry James et d’une énigme picturale avec « La Tempête » de Giorgione. À partir de là, l’auteur mène une enquête autant qu’une quête du vrai et du faux, de la vérité ou de la réalité. Mais il nous rappelle sporadiquement qu’il n’y a peut-être pas d’énigme, ni de vérité d’ailleurs.
Jean-Claude Lebensztejn est Professeur honoraire – Université Paris I – Panthéon-Sorbonne -, il a également enseigné à l’étranger, en particulier aux États-Unis et à Taiwan. Parmi ses nombreuses publications citons : L’Art de la tache : introduction à la « Nouvelle méthode » d’Alexander Cozens, Montélimar, Éd. du Limon, 1990; Miaulique : fantaisie chromatique, Paris, Le Passage, 2002 ; Déplacements, Dijon, Les presses du réel, coll. Fabula, 2013 et aux éditions Macula, Figures pissantes (2016), Servez citron (2020) et Propos filmiques (2021).
Douze dialogues, 1962-1963
En 1962-1963, deux artistes en devenir s’adonnent à un jeu intellectuel : installés à tour de rôle devant une machine à écrire, ils entament un dialogue dont la seule règle est de ne pas se parler pendant qu’ils rédigent. Hollis Frampton n’a pas encore abordé le cinéma expérimental dont il marquera l’histoire au cours de la décennie suivante. Pour l’heure, il est photographe. Ses images, qui accompagnent ces dialogues, font partie des œuvres dont il discute avec son ami Carl Andre. Ce dernier compose des poèmes tout en se livrant à diverses expérimentations tridimensionnelles. Il n’est pas encore le sculpteur dont les pièces minimalistes découperont l’espace en l’occupant au ras du sol. L’un et l’autre se tiennent ainsi au seuil de leur œuvre. Ils réfléchissent intensément sur les arts qu’ils pratiquent, qu’ils côtoient, dont ils héritent. Peinture, sculpture, photographie, cinéma, mais aussi musique, littérature et poésie font l’objet de leurs joutes argumentatives. Ils sont souvent en désaccord et font assaut d’érudition.
À travers ces Douze dialogues on voit s’esquisser leur philosophie de l’art. Édités en 1980 par Benjamin H. D. Buchloh, ils sont ici traduits dans leur intégralité et complétés par une postface qui les situe dans le parcours de leurs auteurs et dans le contexte artistique new-yorkais du début des années 1960.
Historienne de l’art contemporain et spécialiste de l’art américain, Valérie Mavridorakis enseigne à Sorbonne Université, Paris.
Gilles A. Tiberghien est écrivain et philosophe. Il travaille à la croisée de l’esthétique et de l’histoire des arts.
Magic moirés
Voici un livre d’un genre peu pratiqué, celui de l’essai monographique appliqué à une famille particulière de formes abstraites : les moirages.
Ces derniers connurent une vogue considérable au cours des années 1960 dans le contexte de l’art optique et cinétique. On les retrouve aussi dans les débuts de l’art à l’ordinateur et dans les productions de la contre-culture psychédélique. L’essai d’Arnauld Pierre se penche sur les différentes manifestations du phénomène et retrace le processus qui a vu les moirages passer d’une culture scientifique et artistique savante à ses formes d’appropriation par la culture populaire. Il redécouvre le rôle qu’a joué à cet égard une figure d’artiste-scientifique un peu fantasque, celle de Gerald Oster, auto-proclamé « père du moiré », qui connut une célébrité aussi soudaine qu’éphémère.
À travers son enquête menée à la croisée de l’histoire de l’art et de l’histoire culturelle du regard, Arnauld Pierre comblera, avec cet ouvrage richement illustré, l’ensemble des lecteurs que fascine l’univers visuel en général et que réjouissent en particulier certaines de ses manifestations les plus extravagantes. De celles que les moirages auront porté très haut.
Arnauld Pierre est professeur en histoire de l’art contemporain à Sorbonne Université et chercheur au Centre André Chastel, Paris, depuis 2006. Auteur de nombreuses études sur les formes excentriques de la perception dans l’art optique et cinétique, il a également assuré le commissariat des expositions L’OEil moteur (Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg, 2005), Nicolas Schöffer (LAM, Musée d’Art contemporain de Villeneuve-d’Ascq, 2018) et Victor Vasarely. Le partage des formes (avec Michel Gauthier, Centre Pompidou, Paris, 2019). Parmi ses nombreuses autres publications, un essai monographique sur Francis Picabia. La peinture sans aura (Gallimard, 2002), Calder. Mouvement et réalité (Hazan, 2009) et Maternités cosmiques. La recherche des origines, de Kupka à Kubrick (Hazan, 2010).
Le Grand Chant. Pasolini poète et cinéaste
Pier Paolo Pasolini (1922-1975) a marqué l’histoire de la littérature et du cinéma. De ses brûlants poèmes en dialecte frioulan à la littérature engagée des Cendres de Gramsci ou des Écrits corsaires ; de L’Évangile selon saint Matthieu à Théorème et Salò ou les 120 Journées de Sodome sorti quelques jours après son assassinat, sa trajectoire fut dense, multiple, de plus en plus radicale. Jamais tortueuse.
Hervé Joubert-Laurencin, l’un des plus grands spécialistes de la vie et de l’œuvre de Pasolini, offre ici sa monographie la plus informée sur le poète et le cinéaste ainsi que le récit inspiré d’une splendide expérience vitale, d’une hérésie majeure. Après une chronique très complète de l’œuvre littéraire de Pasolini jusqu’à 1960 – première en date en langue française – qui brosse le portrait d’un jeune poète artiste de tous les arts, l’ouvrage fait découvrir, à partir d’archives inédites, un travail de scénariste prolifique en très grande partie inconnu et qui prélude à son œuvre de cinéaste, entamée à quarante ans. Il dessine ensuite une œuvre cinématographique traversée par la littérature tout autant qu’une œuvre littéraire traversée par le cinéma. Dans l’espoir d’en faire entendre le chant : le Grand Chant de Pasolini.
Professeur d’esthétique et d’histoire du cinéma à l’université Paris Nanterre, Hervé Joubert-Laurencin est notamment spécialiste de l’œuvre de Pier Paolo Pasolini, dont il a aussi traduit de nombreux textes. Aux Éditions Macula, ont été publiés sous sa direction Accattone de Pier Paolo Pasolini. Scénario et dossier (2015) et André Bazin, Écrits complets (2018).
Propos filmiques
Alors qu’on le connaissait lecteur insatiable, observateur minutieux d’images en tous genres et amateur exigeant de musique, les textes rassemblés dans ce livre nous révèlent que Jean-Claude Lebensztejn est aussi un spectateur de cinéma passionné.
Partant d’objets singuliers issus tant du Hollywood classique que du cinéma bis ou du film expérimental, l’auteur mène une investigation personnelle et singulière, de La Nuit du chasseur à Peter Kubelka, des morts-vivants à la baignoire en forme de cœur de Jayne Mansfield. Il nous offre le récit d’une expérience de spectateur mêlée au savoir et à la rigueur d’un historien de l’art aux curiosités disparates, restituant au lecteur ces instants lucifériens – littéralement « porteurs de lumière » – que fait naître la rencontre du faisceau du projecteur et de l’image à l’écran.
Ce recueil, sorte de « séance idéale », réunit pour la première fois tous les « propos filmiques » de Jean-Claude Lebensztejn dans un seul volume. Écrits entre 1980 et 2020, pour certains parus dans des revues ou catalogues d’exposition, inédits pour d’autres, chacun de ces textes (essais, entretiens, journaux, programmes, etc.) a été revu et corrigé par l’auteur qui a choisi pour l’occasion une iconographie originale de plus de cent illustrations révélant à elle seule l’hétérogénéité de ses goûts.
Jean-Claude Lebensztejn est Professeur à l’Université Paris I – Panthéon-Sorbonne, il a également enseigné à l’étranger, en particulier aux États-Unis et à Taiwan. Parmi ses nombreuses publications citons : L’Art de la tache : introduction à la ” Nouvelle méthode ” d’Alexander Cozens, Montélimar, Éd. du Limon, 1990 ; Miaulique : fantaisie chromatique, Paris, Le Passage, 2002 ; Déplacements, Dijon, Les Presses du réel, coll. ” Fabula “, 2013 et aux éditions Macula, Figures pissantes (2016) et Servez citron (2020).
Édition établie par E. Camporesi et P. Von-Ow