Brunelleschi Éditions Macula

Brunelleschi


L’invention de la perspective monoculaire, ou plutôt sa vérification par des expériences d’optique, et l’érection spectaculaire de la coupole de Sainte-Marie-des-fleurs à Florence, sans cintre ni échafaudage extérieur, sont les actes fondateurs de la Renaissance italienne. Brunelleschi formule la théorie d’un espace unifié, abstrait mais mesurable, qui sera pendant cinq siècle le langage commun du peintre, de l’architecte et du sculpteur occidental. Premier démiurge du Quattrocento, épris de mathématiques et de cosmogonie, amoureux des restes de l’architecture antique, ingénieur, urbaniste, stratège et sculpteur, il incarne avec éclat l’idéal humaniste. Il marque aussi le visage de Florence, sa ville natale où il construit églises et chapelles, des palais et un hôpital.

L’essai fondamental du Pr. Argan, publié en 1955, est à l’origine des recherches sur l’inscription sociale du nouveau rationalisme brunelleschien. On y trouve des pages décisives sur la fonction de la perspective comme machine productive d’espace (picturale, architectural).  La distinction dégagée par G.C. Argan entre plan (projectif) et surface (matérielle) s’est révélée lourde d’implications dans la recherche contemporaine – notamment en peinture.
Giulio Carlo Argan (1909-1992), ancien conservateur et titulaire de la chaire d’histoire de l’art à Rome, a profondément marqué la théorie de l’art en Italie. Il a publié de nombreux ouvrage, parmi lesquels Beato Angelico, Botticelli, Borromini, L’Europe des capitales, Le Bauhaus. Le Pr. Argan a été maire de Rome de 1976 à 1979.


De Pictura (1435) | De la Peinture


« Celui-là ne deviendra jamais un bon peintre s’il n’entend parfaitement ce qu’il entreprend quand il peint. Car ton arc est tendu en vain si tu n’as pas de but pour diriger ta flèche. »
De la Peinture, Livre I

Le De Pictura de Leon Battista Alberti (1404-1472) est le texte fondateur de la peinture occidentale moderne.
Savant, peintre, architecte, défenseur de la rationalité et figure centrale de la première Renaissance, Alberti réunit en un court traité le savoir de ses amis florentins : Brunelleschi, Donatello, Ghiberti…
En trois parties qui sont comme autant de recouvrements successifs du panneau ou de la fresque, Alberti instaure – par delà les recettes d’atelier – quelque chose comme un protocole de la peinture. Sous sa plume, le tableau devient alors la fenêtre à travers laquelle on contemple, non le monde, mais une histoire.

Les tensions qui parcourent ce texte – statut de la couleur, physique ou symbolique ; prélèvement réaliste ou figures idéales ; efficience de la lumière ; ambivalence de la surface en tant qu’aplat et profondeur – traverseront toute la pratique de la peinture jusqu’à la rupture du XIXe siècle (Delacroix, Manet, Cézanne).
Jean Louis Schefer, écrivain et théoricien, auteur d’ouvrages sur saint Augustin, Uccello, Corrège et Le Greco, procure une traduction qui obéit aux exigences scientifiques modernes (l’original figure en regard) sans pour autant sacrifier l’ample mouvement de la syntaxe latine.

Sylvie Deswarte-Rosa, directeur de recherche émérite au CNRS, tire dans une introduction érudite le portrait inattendu d’un Alberti mélancolique. Elle dessine l’organisation rhétorique du texte, inspirée de Quintilien, et propose une bibliographie qui retrace, depuis le XVe siècle, la fortune du De Pictura et les résistances qu’il a suscitées.