Fernand Pouillon et l’Algérie
Ce livre présente les photographies de Daphné Bengoa et Leo Fabrizio, fruit d’un projet mené en commun sur l’œuvre algérienne de l’architecte français Fernand Pouillon (1912-1986). En Algérie, ce bâtisseur effréné fut en effet le maître d’œuvre de plusieurs cités (Climat de France, Diar-el-Mahçoul, etc.), de complexes touristiques (par exemple Sidi Fredj), de logements étudiants (notamment la cité universitaire Bab Ezzouar). Les deux photographes ont effectué huit voyages en Algérie pour documenter ce volet de son travail méconnu du grand public et en présenter ici un choix représentatif.
Ce double corpus met en lumière la singulière interdépendance entre bâtir et habiter dont l’œuvre de Pouillon est exemplaire. Leo Fabrizio, muni d’un matériel imposant, s’est attaché à photographier le temps long et les bâtiments dans leur état actuel, tandis que Daphné Bengoa, de son côté, est entrée dans l’intimité des foyers et s’est plutôt intéressée au temps court, aux habitants des cités de Pouillon et aux travailleurs de ses complexes touristiques.
S’inspirant librement de sa connaissance intime de l’Algérie, l’écrivaine algérienne Kaouther Adimi est partie de ce corpus de photographies pour proposer un texte poignant, inédit, s’attachant à la vie d’une famille habitant l’une des cités de Fernand Pouillon, la cité aux deux cents colonnes.
Le photographe Leo Fabrizio (1976) vit et travaille à Lausanne. Son premier livre monographique Bunkers (2004) lui apporte une reconnaissance internationale, avec de nombreuses expositions, notamment la 9e Biennale d’architecture de Venise. Lauréat de prix prestigieux comme les bourses Leenaards (2004) ou le concours Suisse de design (2003, 2006, 2001). Daphné Bengoa (1981) vit et travaille à Paris comme photographe et cinéaste indépendante. Elle collabore en outre comme commissaire d’exposition et productrice à de nombreux projets culturels.
Super Constellation
Le Super Constellation, un appareil mythique. Premier avion de ligne qui traverse l’Atlantique sans escale de New York à Paris : 7000 mètres d’altitude de croisière, cabine pressurisée et climatisée. Constellation. C’est sous ce nom évocateur d’étoiles et de lignes imaginaires que Christoph Asendorf place sa recherche : astres au firmament ou lignes aériennes, c’est bien dans le ciel qu’il tresse un formidable réseau d’influences et de relations réciproques dans les arts plastiques, l’architecture, la sociologie, la sphère militaire et la philosophie…
L’histoire de l’aéronautique, tout au long du siècle dernier, a fait naître de nouvelles manières de concevoir et de percevoir l’espace, aujourd’hui devenues familières. Le ciel est un espace de transformation, c’est aussi désormais le lieu d’où l’on regarde. Car l’aéronautique a radicalement changé la façon de voir le monde. La vue d’en haut allait produire des effets incalculables sur les arts et la culture : Kasimir Malevitch l’emploie comme métaphore du rapport suprématiste à l’espace ; Robert Delaunay avec Tour Eiffel et Jardin du Champ de Mars l’utilise comme un vecteur d’abstraction ; László Moholy-Nagy en fait le programme d’un nouvel humanisme dans son Bauhaus-Buch de 1929 et Le Corbusier, sous l’effet de cette « nouvelle vision », invente de nouveaux types de planification urbaine. Dans un mouvement de balancier continu, l’auteur parcourt les différentes évolutions techniques du siècle, convoquant les deux Guerres mondiales, pour révéler à quel point l’accélération des déplacements et la vitesse des communications liées au développement de l’aéronautique nous obligent toujours davantage à comprendre le territoire comme un « espace-temps ». Une riche iconographie, véritable fil conducteur, accompagne son cheminement.
Christoph Asendorf, historien de l’art et de l’esthétique, est professeur à la Faculté des Kulturwissenschaften de l’Université Europe-Viadrina de Francfort-sur-l’Oder. Super Constellation est son premier ouvrage traduit en français.