Le Grand Chant. Pasolini poète et cinéaste
Pier Paolo Pasolini (1922-1975) a marqué l’histoire de la littérature et du cinéma. De ses brûlants poèmes en dialecte frioulan à la littérature engagée des Cendres de Gramsci ou des Écrits corsaires ; de L’Évangile selon saint Matthieu à Théorème et Salò ou les 120 Journées de Sodome sorti quelques jours après son assassinat, sa trajectoire fut dense, multiple, de plus en plus radicale. Jamais tortueuse.
Hervé Joubert-Laurencin, l’un des plus grands spécialistes de la vie et de l’œuvre de Pasolini, offre ici sa monographie la plus informée sur le poète et le cinéaste ainsi que le récit inspiré d’une splendide expérience vitale, d’une hérésie majeure. Après une chronique très complète de l’œuvre littéraire de Pasolini jusqu’à 1960 – première en date en langue française – qui brosse le portrait d’un jeune poète artiste de tous les arts, l’ouvrage fait découvrir, à partir d’archives inédites, un travail de scénariste prolifique en très grande partie inconnu et qui prélude à son œuvre de cinéaste, entamée à quarante ans. Il dessine ensuite une œuvre cinématographique traversée par la littérature tout autant qu’une œuvre littéraire traversée par le cinéma. Dans l’espoir d’en faire entendre le chant : le Grand Chant de Pasolini.
Professeur d’esthétique et d’histoire du cinéma à l’université Paris Nanterre, Hervé Joubert-Laurencin est notamment spécialiste de l’œuvre de Pier Paolo Pasolini, dont il a aussi traduit de nombreux textes. Aux Éditions Macula, ont été publiés sous sa direction Accattone de Pier Paolo Pasolini. Scénario et dossier (2015) et André Bazin, Écrits complets (2018).
Accattone de Pier Paolo Pasolini. Scénario et dossier, 2 volumes
Volume I – Accattone de Pier Paolo Pasolini
Cette traduction française inédite reprend intégralement le livre-film d’Accattone paru à Rome aux éditions FM en 1961.
Scénario et textes de Pier Paolo Pasolini, préface de Carlo Levi et 58 photographies. Traductions de l’italien par J.-C. Zancarini et H. Joubert-Laurencin.
Avant de passer à la postérité en tant que premier film de Pier Paolo Pasolini, Accattone (1961) est un scénario d’une grande beauté, d’une puissance exceptionnelle de l’écrivain-poète Pasolini. Le monde qu’il dépeint, un sous-prolétariat romain majoritairement inconnu des Italiens, avec son lot de maquereaux, voleurs et prostituées, est trop sulfureux pour une Italie encore très traditionnelle : le film sera interdit aux moins de 18 ans par crainte des « conséquences du choc » qu’il pourrait entraîner sur des jeunes gens pas encore tout à fait matures.
Le livre-film d’Accattone paraît à Rome en 1961, pour la sortie du film, suivant ainsi la tradition italienne : longtemps, en effet, il fut presque systématique que le film d’un cinéaste digne de ce nom s’accompagnât d’un livre. Or celui d’Accattone a pour particularité d’être entièrement de la main du poète-cinéaste, si l’on met de côté la préface de l’écrivain Carlo Levi. Le scénario est précédé de quatre textes de Pier Paolo Pasolini, saisissants, intenses, parfois rageurs ou nostalgiques, toujours magnifiques : deux « Veilles », récits sous forme de journal intime des journées du cinéaste en devenir, ses rencontres, ses incertitudes, les préparatifs et les repérages précédant le tournage, puis deux textes plus théoriques et stylistiques : « Cinéma et littérature. Notes après Accattone » et « Sens d’un personnage. Le paradis d’Accattone ».
Volume II – Dossier Accattone, une plongée passionnante dans l’univers du grand poète-cinéaste
Textes inédits de H. Joubert-Laurencin, Ph.-A. Michaud, F. Galluzzi et Ch. Caujolle, « Mon Accattone à la télévision après le génocide » de Pasolini, critiques contemporaines de la sortie du film en France, documentation, bibliographie, fiche technique et 64 illustrations (photogrammes, photographies de plateau et de repérage).
Ce Dossier regroupe un ensemble d’analyses consacrées à la genèse du film, à ses enjeux figuratifs et formels, aux relations qu’il entretient avec la peinture (celle de Masaccio, celle de Caravage) qui déterminent le style cinématographique, délibérément antinaturaliste, de l’écrivain-cinéaste.
Hervé Joubert-Laurencin, professeur d’esthétique et d’histoire du cinéma à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense, est notamment l’auteur de Pasolini, portrait du poète en cinéaste aux Éditions des Cahiers du cinéma (1995). Aux éditions Macula, il a également dirigé les Écrits complets d’André Bazin (2018).
Jean-Claude Zancarini, traducteur du scénario, est aujourd’hui professeur des universités émérite à l’École normale supérieure de Lyon. Professeur agrégé d’italien au collège E. Richard à Saint-Chamond (Loire), il a réalisé de nombreuses et brillantes traductions.
Philippe-Alain Michaud est conservateur chargé de la collection des films au Musée national d’art moderne – Centre Georges Pompidou et directeur de collection aux Éditions Macula, où il a publié Aby Warburg et l’image en mouvement (1998), et Sur le film (2016).
Francesco Galluzzi, historien et critique d’art, enseigne l’esthétique à l’Académie des beaux-arts de Carrare ainsi que l’histoire de l’art et du cinéma à l’Université de Sienne. Il est notamment l’auteur de Pasolini e la pittura aux éditions Bulzoni, à Rome (1994).
Christian Caujolle, ancien responsable de la photographie à Libération, fondateur de l’Agence VU, directeur de la galerie du même nom, est l’auteur de bon nombre d’ouvrages, notamment sur Jacques Henri Lartigue, William Klein, Sebastião Salgado.