Claude Monet, sa vie, son œuvre
Publié par les Éditions Crès en 1922, puis en 1924, du vivant de Monet, principale source de tous les écrits postérieurs sur le peintre, « le Geffroy » était devenu introuvable. Les éditions Macula le rééditent en 1980, puis en 1987, augmenté d’un large appareil de notes dû à Claudie Judrin, alors conservatrice au Musée Rodin. L’édition de 2011 a été entièrement revue et remaniée.
Gustave Geffroy (1855-1926) fut l’un des critiques les plus perspicaces de son temps et – avec Clemenceau – le principal soutien de Monet dans la deuxième phase de l’impressionnisme. Son livre s’ouvre sur leur rencontre à Belle-Île, en septembre 1886 : Monet est « vêtu comme les hommes de la côte, botté, couvert de tricots, enveloppé d’un ‹ ciré › à capuchon. Les rafales lui arrachent parfois sa palette et ses brosses des mains. Son chevalet est amarré avec des cordes et des pierres. N’importe, le peintre tient bon et va à l’étude comme à une bataille. »
Pendant près d’un demi-siècle, Geffroy sera l’ami de tous les instants, le défenseur et le mémorialiste. Monet, sa vie, son oeuvre est une somme inégalée de témoignages et d’analyses, d’extraits de presse, de lettres d’appel ou de découragement. Geffroy observe jour après jour l’acharnement du peintre « à rendre ce [qu’il] cherche : l’instantanéité, surtout l’enveloppe, la même lumière répandue partout ». Il nous montre aussi Pissarro, Renoir, Sisley, Rodin, et nous décrit en quelques pages éblouissantes comment, trois mois durant, Cézanne l’a peint, lui, Geffroy, entouré de ses livres (un portrait qui est aujourd’hui au Musée d’Orsay).