Ut pictura poesis
Ut pictura poesis : la formule d’Horace (« la poésie est comme la peinture ») a été paradoxalement inversée par les hommes de la Renaissance et de l’Âge classique. Pendant trois siècles, de Léonard à Reynolds, la peinture s’est flattée d’être « comme la poésie » : subordonnée à la littérature, dont elle a tiré ses sources d’inspiration et sa raison d’être.
Cette rencontre se défait au dix-huitième siècle : affirmation d’un réalisme qui entend puiser ses thèmes directement dans la nature ; théories du génie et du sublime qui autorisent les excès de l’expression individuelle ; travail des philosophes qui, tel Lessing (1766), veulent dégager la spécificité de chaque pratique artistique ; autonomie croissante des constituants picturaux : couleur, texture, surface, etc.
Pour nous conter l’histoire de cette transformation, l’auteur procède par rapprochements, citations, références ; il explicite tour à tour la théorie de l’art en Italie (de Dolce à Bellori), la doctrine de l’Académie et de ses adversaires (Félibien, De Piles, Du Bos), enfin les débats en Angleterre autour du magistère de Reynolds à l’aube du romantisme.
Rensselaer W. Lee (1898-1984), ancien élève de Panofsky et W. Friedlaender, professeur à Columbia et à l’université de New York, était un spécialiste de la Renaissance et du Baroque. Maurice Brock, qui a traduit et mis à jour l’ouvrage de Lee, enseigne l’histoire de l’art à l’université François Rabelais de Tours.