Nouvelles en trois lignes
Écrivain, critique d’art, secrétaire de la célèbre Revue Blanche, éditeur de Rimbaud, de Laforgue, Félix Fénéon entre au Matin en 1906 pour y tenir, au titre de rédacteur anonyme, la rubrique des Nouvelles en trois lignes. Il y exerce insidieusement un humour ravageur qui s’en prend au conformisme bourgeois et aux rites de la France républicaine, justifiant plus que jamais le jugement de Mallarmé : « Il n’y avait pas, pour Fénéon, de meilleurs détonateurs que ses articles… »
« F. F. » subvertit la logique du fait divers en jouant de toutes les ressources du langage. Il traite la nouvelle de presse comme un genre littéraire qui sous sa plume devient une sorte de haïku journalistique. Tout comme Alphonse Allais ou Jarry, il s’y révèle l’un des maîtres de la fumisterie « fin de siècle ». Jamais l’art de jouer du désastre n’aura été aussi précis et salutaire que dans ce recensement de l’actualité à la Belle Époque.