Douze dialogues, 1962-1963 Éditions MaculaDouze dialogues, 1962-1963 Éditions MaculaDouze dialogues, 1962-1963 Éditions MaculaDouze dialogues, 1962-1963 Éditions MaculaDouze dialogues, 1962-1963 Éditions MaculaDouze dialogues, 1962-1963 Éditions MaculaDouze dialogues, 1962-1963 Éditions MaculaDouze dialogues, 1962-1963 Éditions Macula

Douze dialogues, 1962-1963


En 1962-1963, deux artistes en devenir s’adonnent à un jeu intellectuel : installés à tour de rôle devant une machine à écrire, ils entament un dialogue dont la seule règle est de ne pas se parler pendant qu’ils rédigent. Hollis Frampton n’a pas encore abordé le cinéma expérimental dont il marquera l’histoire au cours de la décennie suivante. Pour l’heure, il est photographe. Ses images, qui accompagnent ces dialogues, font partie des œuvres dont il discute avec son ami Carl Andre. Ce dernier compose des poèmes tout en se livrant à diverses expérimentations tridimensionnelles. Il n’est pas encore le sculpteur dont les pièces minimalistes découperont l’espace en l’occupant au ras du sol. L’un et l’autre se tiennent ainsi au seuil de leur œuvre. Ils réfléchissent intensément sur les arts qu’ils pratiquent, qu’ils côtoient, dont ils héritent. Peinture, sculpture, photographie, cinéma, mais aussi musique, littérature et poésie font l’objet de leurs joutes argumentatives. Ils sont souvent en désaccord et font assaut d’érudition.
À travers ces Douze dialogues on voit s’esquisser leur philosophie de l’art. Édités en 1980 par Benjamin H. D. Buchloh, ils sont ici traduits dans leur intégralité et complétés par une postface qui les situe dans le parcours de leurs auteurs et dans le contexte artistique new-yorkais du début des années 1960.

Historienne de l’art contemporain et spécialiste de l’art américain, Valérie Mavridorakis enseigne à Sorbonne Université, Paris.
Gilles A. Tiberghien est écrivain et philosophe. Il travaille à la croisée de l’esthétique et de l’histoire des arts.


Je plumerai les canards en rentrant


Je plumerai les canards en rentrant paraît à l’occasion d’une invitation lancée par le Musée des Beaux-Arts de Lyon, qui a proposé à Éric Poitevin « d’entrer en conversation » avec ses collections (exposition fin avril – fin août 2022). Cet ouvrage n’est toutefois pas pensé comme un catalogue d’exposition, mais nous ouvre au parcours et à l’univers passionnant du photographe.
Comment naît une image ? Que se passe-t-il avant qu’une photographie sorte de l’atelier de l’artiste ? Souvent fantasmé, l’atelier est un lieu entouré d’une aura de mystère. Tel un alchimiste, l’artiste doserait différentes potions pour faire advenir une image.

Avec Je plumerai les canards en rentrant, allusion à son amour pour la cuisine, Éric Poitevin introduit le lecteur avec générosité dans l’univers de son atelier en proposant une sorte de journal, résultat de deux ans d’un travail intérieur qui documente, par le texte et par l’image, le processus de création. Il y dévoile les influences qu’ont pu avoir sur son travail ses lectures ou les images des autres.
Le livre s’ouvre par un entretien entre Éric Poitevin et Jean-Christophe Bailly, qui permet de saisir son cheminement vers l’art, son parcours de photographe autant que ses intentions artistiques. L’artiste a ensuite sélectionné des extraits de sa correspondance, qui mettent en lumière ses rapports avec les galeries et les musées, ses relations avec ses contemporains (intellectuels et critiques), les affinités avec le territoire qui l’entoure, son rôle de professeur. L’ouvrage contient aussi une large sélection de photographies de sa collection personnelle, qui laissent entrevoir à la fois son intérêt historique pour le médium et une attention généreuse envers ses contemporains. Enfin, sont reproduites huit nouvelles séries de photographies inédites de l’artiste.
Cet ouvrage s’adresse à tous les lecteurs curieux et particulièrement aux amateurs d’ouvrages qui ont trait à la photographie, à la démarche artistique, à l’importance du lien avec la nature et des animaux.


Ubique fabrica


Plus proche du livre d’artiste que du catalogue d’exposition ou de la monographie, cet ouvrage a été conçu avec l’artiste autour du thème de l’atelier, d’où son titre, Ubique fabrica, « l’atelier est partout ». Fabrice Gygi a occupé près d’une trentaine d’ateliers dans lesquels il a créé la majeure partie de son travail. Aujourd’hui, il en sort pour créer de plus petites œuvres, comme des aquarelles de petits formats, facilement transportables. Les photographies reproduites dans le livre documentent ainsi les déambulations de l’artiste qui ouvre au fil des ans ses terrains d’expérimentations, tels que, pour les paysages, les bivouacs et les feux : la vallée de l’Arve, le Jura, les Alpes, Sulawesi, le sud Sinaï, le Texas, Paris, l’Arizona, la Nouvelle-Calédonie et l’Abitibi-Témiscamingue ; pour les ateliers : le Texas, Genève, le Valais, le Sinaï, Sulawesi et Paris.

Fabrice Gygi est l’un des artistes suisses les plus importants de sa génération. Issu de la mouvance ultra-radicale des squats genevois, sa vie et son travail sont imprégnés d’un rejet général de l’ordre social. Performances, gravures, photographies, installations, aquarelles, bas-reliefs, bijoux et sculptures, toutes ses œuvres utilisent un vocabulaire formel minimaliste pour explorer le corps dans son fonctionnement comme dans les contraintes que la société lui impose. Ardent défenseur de la liberté de mouvement, il s’invente des modes de vies proches du nomadisme.

Ce livre est publié à l’occasion de l’exposition de Fabrice Gygi (16 sept. – 16 oct. 2021) à la Société des arts de Genève dont il est lauréat du prestigieux Prix en 2021.

Fabrice Gygi vit et travaille en Suisse, entre Genève et le Valais. Ses expositions institutionnelles majeures comprennent Les Églises, Centre d’art contemporain, Chelles ; Centre Culturel Suisse, Paris ; Instituto Svizzero di Roma ; Magasin 3, Stockholm Konsthall ; Orange County Museum of Art, Newport Beach ; Kunstmuseum St. Gallen ; MAMCO Genève ; Museum of Contemporary Art, Tucson. En 2015, il représente la Suisse avec le pavillon Suisse à Milan – Expo 2015 ; en 2009, à la 53e Biennale artistique internationale de Venise et en 2002, lors de la 25e Biennale internationale de São Paolo. Il est représenté par les galeries Chantal Crousel (Paris), Francesca Pia (Zurich) et Wilde (Genève).


Les Enfants de Saturne


La mélancolie – la bile noire – serait-elle le propre du génie, comme on le pensait à la Renaissance, à la suite des premières observations d’Aristote ? L’artiste, être sous influence astrale (de Saturne, la planète des mélancoliques), est-il fait comme les autres hommes ? D’une autre espèce, peut-être : mais alors, peut-il doubler son tempérament d’artiste d’une personnalité propre ? Célèbre ou marginal, comment s’inscrit-il dans l’imaginaire de ses contemporains ?
Dans la fresque foisonnante des Enfants de Saturne où se croisent les furieux (Cellini, Caravage) et les suicidaires (Rosso, Borromini), leurs torves compagnons pervers (Sodoma) et paranoïaques (Messerschmidt) agrémentés d’habiles intrigants (Titien) et de quelques amoureux (Fra Filipo Lippi, Raphaël), les peintres et les sculpteurs les plus illustres prennent vie à travers les témoignages de leurs contemporains (Vasari, Van Mander, Baldinucci…), cependant que se transforme progressivement la position sociale des artistes. De domestiques et artisans des débuts jusqu’au XVe siècle, les voici désormais sollicités, courtisés, certains (Michel-Ange, Rubens, Bernin, Vélasquez) seront même couverts d’or par les papes, les rois ou les empereurs.

L’érudition des époux Wittkower mobilise une grande diversité de sources. Lettres, carnets de commande, biographies, journaux intimes et mémoires, minutes de procès défilent pour nourrir cette vaste enquête jusqu’à sa dernière interrogation, effet inévitable des incursions répétées de la psychanalyse en histoire de l’art : qu’en est-il du statut de la biographie ? En quoi éclaire-t-elle la production des œuvres ?

Cet ouvrage fondamental paru en 1963 – traduit en français pour la première fois en 1985 – est enfin réédité dans une version revue, corrigée et augmentée d’une postface de François-René Martin. Professeur aux Beaux-Arts de Paris, celui-ci revient sur l’importance de cette étude, mettant en lumière son actualité autant que son intemporalité.
Margot Wittkower (1902-1995) est spécialiste du baroque italien et exerça en tant qu’architecte d’intérieur. Elle est à l’initiative et au fondement de cette réflexion autour des vies d’artistes, rédigée en collaboration avec son mari.

Rudolf Wittkower, né à Berlin en 1901, mort aux États-Unis en 1971, est l’un des noms les plus prestigieux de l’histoire de l’art du XXe siècle. Avant de devenir professeur à Columbia University, aux côtés de Meyer Schapiro ou de Julius Held, il fut notamment directeur du Warburg Institute de Londres de 1934 à 1955. Il est l’auteur d’Art et Architecture en Italie, 1600-1750 (Hazan), Les Principes de l’architecture à la Renaissance (éditions de la Passion) et, aux éditions Macula, Qu’est-ce que la sculpture ? Principes et procédures, de l’Antiquité au XXe siècle.
François-René Martin est professeur d’histoire générale de l’art à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Chercheur invité au Centre allemand d’histoire de l’art (Deutsches Forum für Kunstgeschichte), il enseigne également à l’École du Louvre.