Les Origines de l’esthétique médiévale
L’élongation des membres, la frontalisation des volumes, l’effacement du modelé, l’hiératisme des poses, le décharnement des figures, la recherche du type et du signe – autant de traits de l’art byzantin dont le grand historien André Grabar repère la source dans les courants néo-platoniciens du IIIe siècle après J.-C. Il montre au travail de l’image une conception spiritualisée de la matière. L’artiste doit – par des moyens purement esthétiques – conduire le spectateur à se détacher du sensible, à « ouvrir les yeux de l’esprit », à contempler le divin dans les choses.
Le texte sur « Plotin et les origines de l’esthétique médiévale » (1945) – célèbre et depuis longtemps introuvable – est complété par une conférence de 1948 sur « La représentation de l’Intelligible dans l’art byzantin médiéval », et précédé d’une mise au point plus générale sur les rapports constants et problématiques du Moyen Âge et de l’Antiquité païenne.
André Grabar (1896-1990) était le chef de file de l’école française de byzantinologie. Professeur au Collège de France pendant vingt ans, titulaire de la chaire d’archéologie paléochrétienne et byzantine, il a publié de nombreuses études savantes rassemblées dans les trois volumes de L’Art de l’Antiquité et du Moyen Âge (1969). On lui doit notamment deux volumes de la collection l’Univers des formes chez Gallimard : Le Premier Art chrétien et L’Âge d’or de Justinien.