Le Culte des images avant l’iconoclasme (IVe-VIIe siècles) Éditions MaculaLe Culte des images avant l’iconoclasme (IVe-VIIe siècles) Éditions MaculaLe Culte des images avant l’iconoclasme (IVe-VIIe siècles) Éditions MaculaLe Culte des images avant l’iconoclasme (IVe-VIIe siècles) Éditions MaculaLe Culte des images avant l’iconoclasme (IVe-VIIe siècles) Éditions MaculaLe Culte des images avant l’iconoclasme (IVe-VIIe siècles) Éditions Macula

Le Culte des images avant l’iconoclasme (IVe-VIIe siècles)


Le Culte des images avant l’iconoclasme, paru en 1954 dans les prestigieux Dumbarton Oaks Papers, n’avait encore jamais été traduit en français, alors que ce texte fondateur donna l’impulsion à bon nombre de travaux portant sur le sujet. Ernst Kitzinger s’appuie sur les écrits de l’époque byzantine pour saisir l’évolution de l’imagerie chrétienne et pour montrer comment, après les reliques des saints, les images vont elles aussi être considérées comme des objets sacrés. Il y est question de la vertu curative de petits fragments d’une fresque qui représente des saints, à condition d’en avaler une décoction, ou encore d’une icône produisant une rosée qui soigne les bubons et rend la santé. Nombreux aussi sont les textes mentionnant les images « acheiropoïètes » (non faites de la main de l’homme), comme dans le cas des « impressions » du corps du Christ sur des draps de lin ou sur la colonne d’une église, qui toutes suscitent une grande ferveur parmi les croyants.

En complément de l’article a été ajouté un florilège de 43 extraits de textes de la période byzantine, que Ernst Kitzinger cite dans sa démonstration, pour la plupart peu accessibles ou non traduits. Cette édition française complétée d’une mise à jour bibliographique de Stephen Gero, spécialiste de l’iconoclasme et Professeur à l’Université de Tübingen, a été traduite de l’anglais et du grec par Philippe-Alain Michaud. Ce dernier est aussi l’auteur de la postface « L’adoration des surfaces », dans laquelle il témoigne de l’actualité de ce texte érudit qui entre en résonance avec les nouveaux régimes d’images générés par la révolution numérique.

Ernst Kitzinger (1912-2003) fut historien de l’art, spécialiste de l’Antiquité tardive, du Moyen Âge et de l’époque byzantine, professeur d’art et d’archéologie byzantins à Dumbarton Oaks, dont il a fait un centre internationalement renommé en matière d’études byzantines.


L’Industrie d’art romaine tardive


En 1901 paraît à Vienne Spätrömische Kunstindustrie, l’un des ouvrages phares de l’historien de l’art viennois Alois Riegl (1858-1905). La lecture de ce livre a fait dire à Julius von Schlosser, biographe éclairé de Riegl, qu’il cache, « sous son titre plus qu’insignifiant, la première présentation géniale de cette ‹ Antiquité tardive › qui est le prélude en Occident et en Orient de l’art ‹ médiéval › et indépendamment de laquelle on ne saurait comprendre ce dernier ».
Il est vrai que ce texte, traduit aujourd’hui pour la première fois en français, sous le titre L’Industrie d’art romaine tardive, dépasse les seuls thèmes de l’Antiquité tardive et de l’industrie d’art pour aboutir à une véritable histoire de la naissance de l’espace.
Riegl dresse tout d’abord un large panorama de l’architecture, de la sculpture et de la peinture (fresques et mosaïques), de Constantin à Charlemagne, posant les fondements de sa conception de l’évolution artistique – dans laquelle il perçoit non pas une « décadence », notion qu’il récuse, mais ce qu’il appelle un Kunstwollen, un vouloir artistique.
L’auteur s’appuie ensuite sur une étude minutieuse d’objets issus de l’industrie d’art proprement dite, principalement la bijouterie et le travail sur métal, pour illustrer les grandes lignes de sa théorie : à un certain moment, l’ombre d’un corps s’émancipe pour devenir ombre spatiale, et c’est là, dans cette évolution de la perception de la profondeur et de l’espace, dans le passage de la main à l’oeil (de l’« haptique » à l’ « optique »), que se joue l’un des moments les plus importants de toute l’histoire de l’art.
Alois Riegl, l’un des membres, avec Franz Wickhoff, de la première École viennoise d’histoire de l’art, auteur de Questions de style et du Culte moderne des monuments, est l’un des auteurs actuellement les plus « vivants » de cette génération née à Vienne au milieu du XIXe siècle.

Riegl et ses écrits ont largement dépassé le seul cercle de l’histoire de l’art. Walter Benjamin l’a défini comme une référence majeure, le philosophe Georg Lukács le considère comme l’un des« historiens réellement importants du XIXe siècle » ; le philosophe Ernst Bloch, le sociologue Karl Mannheim, les architectes Walter Gropius et Peter Behrens : tous se réfèrent à Riegl.
En France aussi, même sans avoir été traduit, ce livre et ses idées ont agi, notamment grâce au travail de passeur du phénoménologue Henri Maldiney, l’un des meilleurs lecteurs de Riegl. Gilles Deleuze et Félix Guattari, Jacques Derrida, Hubert Damisch, Daniel Arasse l’ont lu et ont perçu sa portée.
Le moment est venu de découvrir enfin dans le texte cet ouvrage qui, depuis sa parution à l’orée du XXe siècle, n’a cessé d’inspirer les meilleurs esprits.

Christopher S. Wood est Carnegie Professor d’histoire de l’art à l’Université de Yale. Il est notamment l’auteur de Forgery, Replica, Fiction: Temporalities of German Renaissance Art (Chicago Press, 2008) qui a reçu le Susanne M. Glasscock Humanities Book Prize for Interdisciplinary Scholarship.

Emmanuel Alloa est maître de conférences en philosophie à l’Université de Saint-Gall en Suisse. Il est notamment l’auteur de La Résistance du sensible (Éditions Kimé, 2008) et Das durchscheinende Bild (Diaphanes, 2011).