Rafistolages Éditions MaculaRafistolages Éditions MaculaRafistolages Éditions MaculaRafistolages Éditions MaculaRafistolages Éditions MaculaRafistolages Éditions MaculaRafistolages Éditions Macula

Rafistolages


Auteur atypique, grand érudit, Jean-Claude Lebensztejn propose avec Rafistolages un livre romantique sous forme de rêveries.

Ce recueil de textes forme un kaléidoscope impressionnant où sont conviés des figures aussi diverses que Burroughs et ses chats, Marivaux, Kafka, John Donne, Henry James, Giorgione, Charles Bukowski, Paul Klee, Proust et ses rats, Socrate et Platon ; des sujets aussi variés que la peur, la peinture, la traduction, la mort, la poésie, la sexualité. Avec ces morceaux choisis, l’auteur part à la recherche du trésor, d’échos en rebonds, il circule dans les siècles et les domaines pour petit à petit nous laisser voir la forme du tapis.  Parfois jeu de miroir, parfois jeu de piste, les fils se tissent lentement pour nous faire voir des correspondances inattendues ou des rencontres ratées.
Le texte d’ouverture fait état d’une énigme littéraire avec « L’image dans le tapis » de Henry James et d’une énigme picturale avec « La Tempête » de Giorgione. À partir de là, l’auteur mène une enquête autant qu’une quête du vrai et du faux, de la vérité ou de la réalité. Mais il nous rappelle sporadiquement qu’il n’y a peut-être pas d’énigme, ni de vérité d’ailleurs.

Jean-Claude Lebensztejn est Professeur honoraire – Université Paris I – Panthéon-Sorbonne -, il a également enseigné à l’étranger, en particulier aux États-Unis et à Taiwan. Parmi ses nombreuses publications citons : L’Art de la tache : introduction à la « Nouvelle méthode » d’Alexander Cozens, Montélimar, Éd. du Limon, 1990; Miaulique : fantaisie chromatique, Paris, Le Passage, 2002 ; Déplacements, Dijon, Les presses du réel, coll. Fabula, 2013 et aux éditions Macula, Figures pissantes (2016), Servez citron (2020) et Propos filmiques (2021).


Studiolo, n° 18 – Dossier « Indétermination »


Le numéro 18 de la revue Studiolo, dont le dossier a pour sujet l’« Indétermination » est le deuxième opus de la collaboration entre les Éditions Macula et l’Académie de France à Rome – Villa Médicis. Studiolo, revue annuelle d’histoire de l’art, parâit depuis 2002. Cette coédition a débuté avec le numéro 17, qui a paru dans une toute nouvelle maquette en novembre 2021.
« Indétermination ». Le dossier de ce numéro interroge tout autant ce qui excède l’intention artistique d’une œuvre d’art, que les chemins empruntés par sa réception critique. Quelle est la part d’indéterminé à l’œuvre dans une production artistique ? Et comment en rendre compte sans la désavouer, sans la ramener, justement, à son état contraire : la détermination ?
Dans un rapport à l’image qui engage l’artiste, l’œuvre et le spectateur, l’indétermination peut se penser comme ce « résidu laissé inexprimé par une articulation défectueuse » qui échappe aux discours et à la représentation (G. Cassegrain).
Chaque livraison de la revue Studiolo comporte un dossier thématique, des varia, une rubrique regards critiques consacrée à l’historiographie et, dans la rubrique histoire de l’art à la Villa Médicis, une actualité des activités du département d’histoire de l’art et des chantiers de restauration de l’Académie de France à Rome – Villa Médicis. Enfin champ libre ouvre ses pages aux pensionnaires artistes de l’année en cours.


I Wouldn’t Start from Here


Tout égarées qu’elles soient, les histoires racontées par Hanns Zischler dans I Wouldn’t Start from Here n’en sont pas moins « de première main ». Cette main, pourtant, n’est pas celle de l’auteur : c’est celle, souvent inconnue, qui d’abord traça le frêle dessin, l’esquisse brouillonne ou la carte indécise dont ce livre fait la collecte. Conservés dans l’obscurité de quelque « poche restante » – autrement dit dans le temps –, ces plans qui servirent un jour à s’orienter et à trouver sa route reparaissent au grand jour. Ce qui se révèle alors, c’est le formidable pouvoir de libération fictionnelle que recèlent des documents soudain énigmatiques ou étranges, l’épaisseur narrative dont ils se sont chargés en troquant leur valeur d’usage immédiate contre une forme de pérennité à laquelle ils n’étaient pas destinés.

Dans le buissonnement et l’étoilement géographique des récits – Tokyo, Moscou, Dublin, Rome, Berlin, Paris, Sofia, Prague ou Tanger –, l’espace se fait ardoise magique : d’hypothétiques repères y scintillent, mobiles et changeants, points d’intensité qui relancent dans la nuit de nos existences passagères l’immémorial besoin d’y trouver une orientation. Une logique d’exaltation de l’indice règne dans ces pages et l’on ne s’étonnera pas d’y sentir un climat de detective novel d’autant plus poignant qu’aucune énigme n’est conduite ici jusqu’à sa résolution certaine. Comme dans ses autres livres – Kafka va au cinémaVisas d’un jour, La Fille aux papiers d’agrumes, Berlin est trop grand pour Berlin –, ce sont donc des enquêtes sur l’état du sens que Hanns Zischler déroule en tirant le fil de ces « histoires égarées », dont il effleure une à une la brassée de feuilles volantes.

Hanns Zischler est né en 1947. Acteur (chez Wim Wenders, Chantal Akerman, Jean-Luc Godard ou Olivier Assayas), il est également photographe, éditeur et essayiste. Ont été traduits en français Berlin est trop grand pour Berlin (Macula, 2016), Visas d’un jour (Bourgois, 1994), Kafka va au cinéma (éd. des Cahiers du cinéma, 1996) et La Fille aux papiers d’agrumes (Bourgois, 2016).


Figures pissantes, 1280-2014


Un livre impertinent et érudit.

Sous le titre intrigant de Figures pissantes se cache une étude remarquable et non dépourvue d’humour sur les représentations de personnages – petits et grands – en train d’uriner. Jean-Claude Lebensztejn part d’un détail qui, s’il peut sembler négligeable (les putti urinant  sont souvent cachés dans un petit coin de grandes œuvres), propulse le lecteur dans les représentations des figures pissantes de l’Antiquité tardive à nos jours : l’urine y passe du statut de l’acqua santa du bébé à celui de vecteur de la profanation et de la dépravation.

Le texte s’ouvre sur l’iconographie joyeuse et festive du puer mingens, que l’on retrouve sur les sarcophages romains, dans le Songe de Poliphile, chez les putti de la Renaissance. Puis apparaît peu à peu l’adulte pissant, d’abord en toute  innocence, comme chez Rembrandt,  avant que n’émergent doucement des représentations dans lesquelles l’érotisme n’est pas absent, comme celles un peu voyeuses de Boucher et sa Femme qui pisse (appelée aussi très à propos L’Œil indiscret), des pisseuses de Picasso ou celles de Gauguin. Au cours du XXe siècle, le statut de l’urine et celui du pisseur (et de la pisseuse) se modifient encore plus profondément, allant jusqu’à la revendication, au défi, voire à la déviance : des artistes comme Otto Muehl, Andres Serrano, Sophy Rickett ou Andy Warhol seront les fers de lance de ce basculement.

L’iconographie témoigne d’une extraordinaire curiosité : bien connues ou dénichées au fond d’un coffre aux trésors par Jean-Claude Lebensztejn (ou ses amis, qui se sont pris au jeu en lui indiquant des pisseurs ou pisseuses à travers les siècles), les 161 illustrations de ce livre, parfois naïves, parfois polissonnes, parfois agressives, forment un corpus foisonnant nous transportant de l’innocence à l’indécence.

La force de ce texte ciselé réside dans ce mélange subtil, propre à l’auteur, qui détourne les études de cas iconologiques pour arpenter avec nous des siècles de « fantaisies diurétiques », teintées de poésie et de politique.

Jean-Claude Lebensztejn est historien, théoricien, critique d’art et écrivain. Il est Professeur honoraire de l’Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne. Parmi ses nombreuses publications, citons Déplacements, Presses du réel (2013) ; Manières de table, Bayard (2004) ; Malcolm Morley : itinéraires, Mamco (2002), L’Art de la tache, Éditions du Limon (1990).


451 °F


Si le feu a de tous temps provoqué attrait et fascination, il est question ici de feux de joie, d’éblouissements, autrement dit de feux d’artifice.

L’artifice, c’est aussi l’« art de tromper », et c’est par un habile jeu de détails qu’Hugues Reip se penche sur l’artifice d’éclairage ou l’artifice de feu. Sa flamme oscille entre un dedans et un dehors inextricable.
Cette œuvre présente un beau dialogue avec le texte de Kevin Salatino, Art incendiaire, qui explore, entre autres, les différents moyens de représentation du feu d’artifice.
Comment rendre en image ce moment éphémère ? Comment dire cet événement si furtif ?

Colophon
L’édition de tête du présent ouvrage Art incendiaire, enrichie en couverture IV d’une sérigraphie d’Hugues Reip, 451°F, expressément réservée à Macula, comprend 33 exemplaires qui se répartissent en 27 exemplaires justifiés et signés par l’artiste + 6 E.A. justifiés et signés par l’artiste. Cette édition est accompagnée d’un tirage photographique original.


Escargots


Rédacteur anonyme de la rubrique des Nouvelles en trois lignes du journal Le Matin, Félix Fénéon subvertit la logique du fait divers en jouant de toutes les ressources du langage. Insolites, cruelles, banales, ses Nouvelles font par ailleurs preuve d’une incroyable virtuosité stylistique.
Denis Savary, discret humoriste de la condition humaine, est un conteur capable de merveilleux rebonds. Une partie de son œuvre protéiforme s’articule autour de la référence ou de l’appropriationnisme, telle sa série de sérigraphies de 2007, Intimités (d’après Félix Vallotton), dans laquelle il évoque une histoire d’amour à travers des fragments d’absence.
Escargots révèle un échantillon de l’univers poétique de Denis Savary et sa proposition se marie délicatement aux brèves de Fénéon. Disposer ainsi cette pléiade amputée réfléchit le noir argenté des coquilles – petits gâteaux chinois (fortune cookie) détenteurs d’un récit ou minuscules projectiles à rire. La coquille des colimaçons, dont l’hélice s’enroule sur elle-même tels des jeux de mot sans fin, renferme le secret de narrations qui défendent leur mystère.  Une recette : trois lignes et trois gastéropodes pour deux êtres capables d’une brillante liberté en allant, toujours, à la bigorne.
Grand lecteur, Denis Savary a su ici faire résonner les haïkus du plus grand des anarchistes des mots.
Cette édition de tête a été réalisée en février 2014.
Colophon

L’édition de tête du présent ouvrage Nouvelles en trois lignes, enrichie en couverture IV d’une sérigraphie de Denis Savary, Escargots, expressément réservée à Macula, comprend 33 exemplaires qui se répartissent en 27 exemplaires justifiés et signés par l’artiste + 6 E.A. justifiés et signés par l’artiste.


Constelación en piedra


Dans son ouvrage Super Constellation, Christoph Asendorf dresse un portrait du XXe siècle au gré de l’accélération des déplacements et de la vitesse des communications et nous amène à comprendre le territoire comme un espace-temps. L’aéronautique, tout au long du siècle dernier, a fait naître de nouvelles manières de concevoir et de percevoir l’espace, aujourd’hui devenues familières : le ciel est désormais le lieu d’où l’on regarde.
La vue d’en haut fait partie intégrante du travail de Gabriel Orozco qui observe et photographie souvent son travail depuis le dessus. Au Guggenheim de Berlin dans l’exposition Asterisms (2012-2013), l’artiste avait présenté des compositions au sol, les installations Astroturf constellation et Sandstars, véritables tapis sculptural qui classifiaient des objets divers. Ce mode de présentation se construit avec la vue d’en haut, sorte de cartographie d’un monde que l’artiste parcourt en tous sens, constellation à la fois infinie et close comme la Terre.
Pour Macula, l’artiste joue avec cette idée d’une Terre, en micro et en macro, une image où se rencontre la légèreté et la massivité. Cette pierre, à la fois immobile et aérienne, semble vouloir effectuer une rotation infinie sur elle-même.

Cette édition de tête a été réalisée en mai 2013.

Colophon

L’édition de tête du présent ouvrage Super Constellation – L’influence de l’aéronautique sur les arts et la culture, enrichie en couverture IV d’une sérigraphie de Gabriel Orozco, Constelación en piedra, expressément réservée à Macula, comprend 33 exemplaires qui se répartissent en 27 exemplaires justifiés et signés par l’artiste + 6 E.A. justifiés et signés par l’artiste.


Vase abominable


Réunir Adel Abdessemed, important acteur de la scène artistique contemporaine, et Julius von Schlosser, grand historien de l’art, autour des notions de l’objet, de la possession et de la collection s’est révélé extraordinairement riche en échanges.
Le premier a talentueusement su faire écho au texte du second. En réponse à Julius von Schlosser, qui retrace la genèse des cabinets d’art et des chambres de merveilles pour s’acheminer vers les formes modernes auxquelles elles ont abouti, les musées, Adel Abdessemed offre une image forte d’un vase littéralement chargé d’un potentiel de destruction. Cette collaboration texte-image fonctionne parfaitement pour ce duo qui partage cette attention particulière pour la fonction des objets et leur finalité.
Adel Abdessemed, à la suite de la série au fusain La Grande Parade (2011-2012) – qu’il est juste de rapprocher des frottages de L’Histoire naturelle (1926) de Max Ernst – offre avec une fluidité étonnante un dessin à la pierre noire où délicatesse et fragilité se heurtent à une violence latente. Quant à Julius von Schlosser, il concentre ses écrits sur les collections et leur foisonnement d’objets et casse l’image rassurante de la galerie d’art dans son ouvrage magistral sur les Cabinets d’art et de merveilles.
Cette édition de tête a été réalisée en novembre 2012.
Colophon
L’édition de tête de la présente édition des Cabinets d’art et de merveilles de la Renaissance tardive, enrichie en couverture IV d’une sérigraphie d’Adel Abdessemed, Vase abominable, expressément réservée à Macula, comprend 33 exemplaires qui se répartissent en 27 exemplaires justifiés et signés par l’artiste + 6 E.A. justifiés et signés par l’artiste.


Les Cabinets d’art et de merveilles de la Renaissance tardive


En 1908, au moment où paraît à Leipzig Les Cabinets d’art et de merveilles de la Renaissance tardive. Une contribution à l’histoire du collectionnisme, Julius von Schlosser n’a pas encore accepté la chaire d’histoire de l’art de Vienne, ce qu’il fera en 1922. Conservateur au Kunsthistorisches Museum de Vienne entre 1889 et 1922, c’est en homme de musée – au contact direct des objets – qu’il rédige ce livre.
Schlosser retrace la genèse de ces chambres de merveilles pour s’acheminer vers les formes modernes auxquelles elles ont abouti, les musées. De façon inattendue, il débute son étude avec les tatouages et autres ornements corporels : comme il le dit, « l’homme primitif se déplace avec sa propre collection de trésors partout où il va ». Initié aux notions de collection et de possession, le lecteur assiste au passage de la collection personnelle, réservée à l’espace privé, à une collection qui s’ouvre au public.
Le lecteur suit Schlosser dans ses pérégrinations européennes, alors qu’il passe en revue les différentes façons de montrer l’art, de la Grèce antique au début du XXe siècle européen. C’est avec une jouissance et une gourmandise évidentes qu’il révèle à nos yeux émerveillés des objets parfois mystérieux, parfois prodigieux, certains d’une finesse inégalée, que les collectionneurs d’alors se disputent. Luxueux, inutiles, dérisoires ou macabres – Passion sculptée dans un noyau de pêche, portraits des nains de cour, chefs-d’œuvre d’ivoire tourné, etc. – c’est toute une société d’objets disponibles à la fantasmagorie qui surgit.

La préface de Patricia Falguières replace ce texte fondamental dans son contexte historique et artistique. Puis sa postface en brosse les derniers traits et établit le lien entre ces chambres de merveilles et notre conception actuelle de l’exposition.


Super Constellation


Le Super Constellation, un appareil mythique. Premier avion de ligne qui traverse l’Atlantique sans escale de New York à Paris : 7000 mètres d’altitude de croisière, cabine pressurisée et climatisée. Constellation. C’est sous ce nom évocateur d’étoiles et de lignes imaginaires que Christoph Asendorf place sa recherche : astres au firmament ou lignes aériennes, c’est bien dans le ciel qu’il tresse un formidable réseau d’influences et de relations réciproques dans les arts plastiques, l’architecture, la sociologie, la sphère militaire et la philosophie…
L’histoire de l’aéronautique, tout au long du siècle dernier, a fait naître de nouvelles manières de concevoir et de percevoir l’espace, aujourd’hui devenues familières. Le ciel est un espace de transformation, c’est aussi désormais le lieu d’où l’on regarde. Car l’aéronautique a radicalement changé la façon de voir le monde. La vue d’en haut allait produire des effets incalculables sur les arts et la culture : Kasimir Malevitch l’emploie comme métaphore du rapport suprématiste à l’espace ; Robert Delaunay avec Tour Eiffel et Jardin du Champ de Mars l’utilise comme un vecteur d’abstraction ; László Moholy-Nagy en fait le programme d’un nouvel humanisme dans son Bauhaus-Buch de 1929 et Le Corbusier, sous l’effet de cette « nouvelle vision », invente de nouveaux types de planification urbaine. Dans un mouvement de balancier continu, l’auteur parcourt les différentes évolutions techniques du siècle, convoquant les deux Guerres mondiales, pour révéler à quel point l’accélération des déplacements et la vitesse des communications liées au développement de l’aéronautique nous obligent toujours davantage à comprendre le territoire comme un « espace-temps ». Une riche iconographie, véritable fil conducteur, accompagne son cheminement.

Christoph Asendorf, historien de l’art et de l’esthétique, est professeur à la Faculté des Kulturwissenschaften de l’Université Europe-Viadrina de Francfort-sur-l’Oder. Super Constellation est son premier ouvrage traduit en français.